Essai tracteur standard Essai du tracteur John Deere 5130M Powr8, le petit futé

À l’instar d’un couteau de poche, il y a toujours un tracteur à tout faire sur une exploitation agricole. Le John Deere 5130M se destine à ce genre de services. Ni trop gros, ni trop petit, motorisé par un bloc maison à quatre cylindres de 4,5 L, comme ses grands frères 6M et 6R, le 5M a de quoi plaire. Il se chausse de roues en 38 pouces à l’arrière et reste très maniable avec un empattement court de 2,35 m. Pour le rendre plus polyvalent et exploiter ses 135 ch de puissance maximale dans divers travaux, notre modèle d’essai dispose de diverses options. En effet, notre « knife » de poche bénéficie d’un relevage avant, d’un chargeur frontal 543M, de deux prises Isobus, du guidage AutoTrac avec son antenne StarFire 7000 et son signal SF1, et d’une ceinture d’éclairage totalisant dix phares autour de la cabine. Afin de bien apprécier ce tracteur futé et bien pourvu, nous nous sommes rendus sur une exploitation d’élevage de bovins lait en Bretagne, non loin de Redon, dans le Morbihan. Durant trois jours, nous avons aidé nos hôtes agriculteurs à la fenaison, à l’entretien de prairies, à la manutention de balles rondes et au rangement de matériels de la Cuma.

Avant de vous emmener à mes côtés en cabine, laissez-moi vous faire quelques présentations. Rappelons tout d’abord qu’il s’agit d’un tracteur plutôt destiné aux travaux de polyculture-élevage et dépourvu d’éléments de confort tels qu’une suspension de cabine ou de pont avant. Sur la bascule, le 5130M dépasse à peine les 4,5 t mais dispose néanmoins d’un PTAC de 8,2 t. De quoi le rendre agile et polyvalent dans des applications comme la pulvérisation, la fenaison, de la fauche au pressage, et la manutention dans la cour de la ferme.

Sobre et fonctionnel

Il est temps de passer en cabine. L’accès se fait aisément via un marchepied à deux étages. Au volant, j’apprécie la sobriété des commandes regroupées sur la console de droite. Celles-ci sont bien agencées et tombent sous la main, tandis que le tableau de bord, logé derrière le volant, regroupe les différentes informations. Le 5M peut néanmoins recevoir un terminal G5 en option grâce à une prise ISO en standard. Seul l’inverseur se gère de la main gauche. Au plancher prennent place les trois pédales et un unique levier de vitesse.

Vous l’aurez compris, ce tracteur me plaît par sa simplicité. La structure à six montants ne perturbe pas la visibilité générale. Je prends mes marques avec les commandes, notamment le levier. Notre 5130M bénéficie de la transmission Powr8, fraîchement arrivée sur cette série de tracteurs. Son levier me permet de gérer les quatre vitesses mécaniques et, à l’aide du pouce, de monter et descendre les huit powershift. La grille compte également une position « P » comme frein à main, ce qui est très appréciable et pratique. Je tourne la clé et me dirige dans le silo couloir afin d'atteler la faneuse. De la main gauche, je sélectionne le sens de marche via l’inverseur sous charge. J’effectue mon approche en jouant avec l’embrayage au pied. L’écran central derrière le volant m’informe de la vitesse mécanique – A, B, C ou D – et du rapport powershift par un numéro. Pour plus de précision, je me mets en « A2 » et recule. Pour la route, le petit terminal intégré au tableau de bord me permet de choisir le rapport de démarrage, ce qui s’avère utile selon la nature des travaux de transport à réaliser. Le relevage électronique et la présence de commandes extérieures sur les ailes facilitent l’attelage.

Un tracteur léger et maniable

Au champ, j’active la prise de force via la commande électro-hydraulique sur la console. La sélection du régime reste cependant mécanique. Une fois les quelques hectares de regain fanés, je dételle l’outil au profit d’un broyeur de refus. Arrivé dans la pâture de forme rectangulaire, je règle le GPS en créant une ligne A-B. Un jeu d’enfant, même si l’écran intégré au tableau de bord faisant office de terminal est tout petit (de l’ordre de 25 cm²). J’apprécie l'optimisation des passages en prenant une ligne sur deux, même si le 5M braque court. Sans relevage avant, je crois que son rayon de braquage serait encore plus serré. Comme sur les gros tracteurs, le bip typique du guidage John Deere me rappelle l’arrivée en bout de parcelle, et je relève l’outil. Ma main reste posée sur la souris du relevage. Juste à côté, deux boutons me permettent respectivement d'activer le guidage et de monter ou descendre les powershift. La parcelle de 5 ha est assez hétérogène avec des zones humides jonchées de taches d’herbe épaisse.

Je remarque que l’étagement de la transmission Powr8 ne dispose pas de recroisement entre les gammes A et B. À régime constant à la prise de force, j’avance à 3,4 km/h en « A8 ». Quand je passe en « B1 », le 5M monte à 3,7 km/h. C’est dommage. La Powr8 bénéficie toutefois de 15 rapports entre 4 et 14 km/h, soit presque la moitié des 32 disponibles en marche avant. Le deuxième jour, je termine mes travaux de broyage avant d’atteler un plateau de 12 m pour déplacer des balles rondes de 180 cm de diamètre : de quoi apprécier le comportement routier de notre 5130M, ainsi que sa maniabilité au chargeur frontal.

La manutention n'est pas son fort

Ce dernier, un modèle John Deere 543M, est le plus petit de la gamme. Il reste cohérent avec le gabarit du 5M mais offre une hauteur de levage limitée à 3,68 m au point de pivot du tablier. Pas de quoi gerber quatre balles rondes, ni charger des grosses bennes de fumier. Néanmoins, le toit vitré et l'étroit montant transversal qui structure la cabine au-dessus du pare-brise ne perturbent pas mon travail. Je regrette l’impossibilité de rapprocher le levier mécanique en croix dédié au contrôle du chargeur frontal vers l’accoudoir. Mon avant-bras ne disposant pas d’appui, à la longue, la manutention devient pénible. La pompe hydraulique de 73 L/min fournit le débit nécessaire pour lever à bon rythme le brancard. L’électrovanne de la troisième fonction filtre une partie de ce débit, rendant les mouvements de la pince Manip' très souples et précis. Une fois les balles rondes stockées dans le bâtiment, je reprends la route avec le plateau et attelle une benne sur l’unique attelage en chape.

Au transport, la Powr8 est mieux étagée, notamment entre les gammes C et D avec un recroisement des rapports. De plus, le speed matching gère lui-même la bonne vitesse powershift selon la charge générée au tracteur. La transmission rend la conduite plus agréable sur route qu'à la cour de la ferme. Le passage de la A à la B est parfois dur ! Cela demande sûrement un peu de rodage. Après trois jours d’essai, je me suis senti à l’aise avec ce tracteur maniable et facile à prendre en main. Les travaux dans les prairies m’ont fait oublier l’absence d’éléments de confort comme le pont avant suspendu. Sur la route, ça secoue un peu plus. Pour la fauche et même au broyage, un ventilateur réversible serait un plus. Le guidage rend le travail plus agréable et permet d’optimiser les passages. L'attelage d'une faucheuse à l'avant et à l'arrière devrait prendre tout son sens sur ce 5M de 135 ch. Un tracteur qui a de quoi plaire par sa polyvalence malgré son petit gabarit.